« Hyperactivité : les belles, mais utopiques recommandations de la HAS »
C’est ce que titre Le Figaro, qui indique que « la Haute Autorité de santé dévoile ses préconisations pour mieux dépister les enfants souffrant de troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ». Le Dr Jean Chambry, pédopsychiatre qui a coprésidé le groupe de travail, remarque ainsi : « Nos recommandations sont idéalistes. Mais c’est un idéalisme assumé ».
« L’objectif premier était d’affirmer que le TDAH existe et n’est pas une invention des laboratoires pharmaceutiques. Mais aussi sensibiliser les médecins généralistes pour qu’ils prennent le temps d’évaluer ces troubles », ajoute le praticien.
Le journal remarque en effet qu’il est « difficile de savoir exactement combien d’enfants en France sont touchés, mais on parle généralement de 3 à 5%. Et s’il existe des critères diagnostiques listés notamment par le «DSM 5» (manuel américain des affections psychiatriques), ceux-ci sont contestés par certains professionnels. Plusieurs autres pathologies peuvent ressembler au TDAH ; en outre, la limite entre «enfant très farfelu» et «hyperactif» peut être floue et dépend beaucoup du seuil de tolérance de ceux qui ont la charge de l’enfant agité ».
Le Dr Chambry souligne cependant qu’« il y a de la souffrance derrière ces difficultés, chez les enfants comme chez les parents. Ces recommandations permettront aux médecins de dire aux parents qu’ils ne sont pas de mauvais parents, mais que les difficultés de leur enfant sont réelles ».
Le Figaro ajoute qu’« il faudra être très rigoureux », le pédopsychiatre relevant qu’« aux États-Unis il y a beaucoup de surdiagnostic, car on ne prend pas toujours le temps d’évaluer la situation, et les traitements médicamenteux sont donnés en première intention ».
Le quotidien observe ainsi : « Pas d’excès de prescriptions à craindre donc, à en croire les promoteurs de ces recommandations. Le méthylphénidate, seule molécule proposée à ce jour contre le TDAH, […] est mis à sa juste place : jamais en première intention, toujours en complément d’autres thérapies, et uniquement si l’enfant et son entourage ont besoin de cette aide pour faire «taire» les symptômes le temps que les troubles s’apaisent ».
« Le rôle du médecin généraliste sera donc de repérer un éventuel trouble et d’orienter la famille vers un service spécialisé s’il suspecte un TDAH. Il devra ensuite informer les familles, leur délivrer aide et conseils en attendant la confirmation du diagnostic. Une attente parfois bien longue », continue le journal.
Christine Getin, présidente de l’association TDAH France, indique que « l’errance thérapeutique peut durer jusqu’à 2 ans et demi », Le Figaro notant que « les services spécialisés sont tellement sollicités ».
Le quotidien ajoute qu’« une fois le diagnostic posé, le médecin de famille devra aider les parents à mettre en place les diverses thérapies proposées, suivre l’évolution de l’enfant et, dans le monde idéal des bonnes pratiques, coordonner le travail du médecin spécialiste, des autres professionnels de santé […] et de l’école ».
Christine Getin remarque ainsi qu’« actuellement, il faut être un battant pour y arriver. Si le médecin de famille pouvait aider à comprendre, prendre du recul, prioriser les prises en charge, peut-être que tous les enfants s’en sortiraient mieux ».
La Croix indique également que la HAS « publie [aujourd’hui] des recommandations sur la prise en charge du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Les experts insistent sur les trois symptômes associés à ce trouble : le déficit de l’attention, l’hyperactivité et l’impulsivité ».
« Le traitement repose d’abord sur une approche non médicamenteuse. En cas d’échec, un médicament, notamment la Ritaline, peut être prescrit mais de manière encadrée », retient le journal.
La Croix souligne aussi que « le diagnostic […] est parfois complexe à établir », ou encore relève que « chez ces enfants, le symptôme le plus fréquent n’est pas l’hyperactivité motrice mais les troubles de l’attention ».
Le Parisien titre sur « les mystères de l’hyperactivité », observant que « le terme, fourre-tout, est devenu à la mode. […] Pour couper court aux polémiques, aider les médecins à faire le tri efficacement, éviter une épidémie imaginaire tout en apportant de réelles réponses à ceux qui souffrent, […] la HAS publie ses premières recommandations en la matière ».
Le journal souligne en outre : « Attention à ne pas verser dans la surmédication », et rappelle que le TDAH « n’est pas une maladie ».
Et Libération consacre une double page à ces « enfants hyperactifs, sujets troublants ». Le quotidien relaie ainsi les recommandations de la HAS, « avec, en fond, le débat sur l’utilisation d’une molécule : la Ritaline ».
Le journal observe notamment qu’« aux Etats-Unis, depuis une vingtaine d’années, se développe de façon exponentielle la prescription » de ce médicament. Libération publie un entretien avec le Pr Bruno Falissard, président de l’Association mondiale de la pédopsychiatrie, qui « craint la surconsommation de médicaments » et déclare que « la Ritaline, ça marche, mais on ne sait pas pourquoi ». Dans un autre entretien, le psychanalyste Patrick Landman déclare que le TDAH est une « construction sociale. […] En somme, c’est le produit qui crée la maladie ».
Source : http://www.sfmp.net/index.php?pageID=af236808375730fc0c670f0b62159019&midn=7117&from=newsletter
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.