
Taux de mortalité doublé pour le TDAH
L’évolution du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est souvent marquée par un comportement turbulent, pour employer un langage profane, voire peut mener à des conduites délictueuses. Ce que l’on retrouve comme « trouble oppositionnel avec provocation » ou encore « trouble des conduites » dans le DSM-5. D’autres risques jalonnent l’histoire de ces enfants, telles que la consommation de drogue, ou l’apparition d’autres troubles psychiatriques. Cependant jusqu’à présent, on ne sait rien du risque vital que ces enfants, puis ces adultes encourent. Aucune étude n’a pour l’instant démontré une augmentation de la mortalité associée à cette pathologie.
Une cohorte de 2 millions de Danois
Dalsgaard et al. ont eu recours au fameux registre danois pour constituer une cohorte incluant tous les sujets nés au Danemark entre le 1er janvier 1981 et le 31 décembre 2011, suivis à partir du 1er janvier 1995 ou de leur premier anniversaire jusqu’au 30 juin 2013 (ou leur décès, ou leur départ du Danemark).
Les données concernant 1 922 248 individus sont exploitables, correspondant à 24 907 560 personnes-années. Parmi ceux-ci, 32 061 ont reçu un diagnostic de TDAH dans un hôpital public ou dans un service psychiatrique, soit 184 049 personnes-années.
Au total, 107 patients atteints de TDAH sont morts durant cette période, avec un taux de mortalité de 5,85 pour 10 000 personnes-années, contre 2,21 pour les individus non atteints. Après ajustement pour l’âge, le sexe, l’année calendaire, les antécédents parentaux de troubles psychiatriques, l’âge des parents, le niveau d’éducation des parents et leur statut professionnel, on obtient une mortalité associée au TDAH 2,07 fois supérieure (intervalle de confiance à 95 % [IC95] = 1,70-2,50) à celle de la population non atteinte, et 2,40 fois supérieure (IC95 = 1,81-3,13) en prenant en compte uniquement les morts non naturelles (parmi lesquelles on retrouve 77,8 % d’accidents).
Les individus souffrant de TDAH sans co-morbidité (abus de substance, trouble oppositionnel ou trouble des conduites) conservent, après ajustement, une mortalité accrue de 1,50 fois plus importante (IC95 = 1,11-1,98), et 2,85 fois plus importante en ne prenant en compte que les femmes. Les patients chez lesquels le diagnostic a été fait à l’âge adulte avaient un risque de mortalité 4,25 fois plus important (IC95 = 3,03-5,78) après ajustement.
Le trouble attentionnel plus grave chez les filles
Au cours d’un suivi de 32 ans, les sujets atteints de TDAH ont donc un taux de mortalité 2 fois plus important, indépendamment d’éventuelles co-morbidités associées. Cela pourrait être dû à une plus grande prise de risque, comme en témoigne la proportion des accidents. Une augmentation du risque d’accident de la route a déjà été rapportée chez les patients hyperactifs. Un risque de mortalité associé au traitement n’a jamais été démontré, qui pourrait expliquer une part de la mortalité attribuable au TDAH.
La différence entre les garçons et les filles est soulignée par les auteurs. Seules 26,4 % des patients sont des patientes, mais leur mortalité est supérieure à celle des garçons. Le TDAH est moins recherché chez les filles, mais ces dernières ont souvent une pathologie plus grave. De même, les patients recevant ce diagnostic à l’âge adulte, avec une persistance des symptômes après 17 ans, sont-ils les plus sévèrement atteints avec un taux de mortalité 4 fois plus important. Ce sont des patients souffrant d’une forme plus grave, avec un plus grand retard au diagnostic.
Dr Alexandre Haroche
Référence
Dalsgaard Søren et coll. : Mortality in Children, Adolescents, and Adults with Attention Deficit Hyperactivity Disorder: A Nationwide Cohort Study ». Lancet, 2015; publication avancée en ligne le 26 février. doi:10.1016/S0140-6736(14)61684-6.
Source : http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/taux_de_mortalite_double_pour_le_tdah_151113/document_actu_med.phtml
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.