Archives de Catégorie: TDA/H chez l’adulte
Troubles de l’attention, de nombreux adultes concernés
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Les TDAH coûtent cher !
Les TDAH coûtent cher !
Introduite au départ comme une problématique touchant essentiellement les enfants et les adolescents, la notion de troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est considérée désormais comme une affection pouvant concerner tous les âges et donc l’âge adulte où elle entraîne notamment des conséquences psychologiques considérables avec souvent un lourd impact financier pour les intéressés.
Une étude réalisée au Danemark confirme cette incidence socio-économique des TDAH en comparant les revenus et les dépenses de santé dans 460 fratries d’adultes de 18 à 50 ans où l’un des membres relève d’un diagnostic de TDAH, mais pas l’autre. Selon que le sujet est ou n’est pas étiqueté « avec TDAH », les auteurs observent des « différences significatives » pour plusieurs critères. En cas de TDAH, on constate par exemple, comparativement à l’absence de TDAH :
• une perte de revenus professionnels : –31 % ;
• un montant plus modeste de l’impôt sur le revenu : –40 % ;
• des dépenses de médicaments plus importantes : +360 % ;
• des dépenses de santé plus élevées pour des soins de médecine générale : +43 % ;
• des dépenses de santé plus élevées pour des soins spécialisés : +192 %.
Pour l’année 2010, les TDAH ont été à l’origine d’ « un surcoût moyen de 20 134 € chez chaque adulte concerné », par rapport au membre de la même fratrie sans TDAH. Au vu de ces statistiques préoccupantes, les auteurs estiment que la présence de TDAH à l’âge adulte représente concrètement des dépenses substantielles pour les sujets concernés eux-mêmes et pour la société (qui subit à la fois une baisse des recettes fiscales et un alourdissement des frais d’assurance-maladie). Il serait utile de consacrer des recherches et une part des politiques de santé à l’identification des TDAH et à des stratégies d’intervention pour atténuer leur impact négatif pour l’individu comme pour la collectivité, afin d’améliorer la qualité de vie des intéressés et de réduire les coûts imputables à ces troubles.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Daley D et coll.: The economic burden of adult attention deficit hyperactivity disorder. European Psychiatry, 2019 ; 61 : 41–48.
« Ou ai-je la tête ? : Mieux vivre son TDA/H en tant qu’adulte «
« Ou ai-je la tête ? : Mieux vivre son TDA/H en tant qu’adulte « , le nouveau livre de Pascale De Coster, fondatrice de l’asbl TDA/H Belgique est enfin sorti de presse.
Vous pouvez l’acheter en ligne ou le commander chez votre libraire habituel.
Un guide pratico-pratique pour apprendre à mieux vivre avec le TDA/H
Le Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité, largement documenté chez l’enfant, reste encore méconnu chez l’adulte. Pourtant, cette pathologie fréquente perturbe, tout au long de leur existence, la vie personnelle, familiale, affective, scolaire et professionnelle des personnes qui en sont atteintes.
L’expérience et l’authenticité de l’auteure, les outils pratiques et les témoignages qui émaillent ce livre inspirant vous apprendront comment contourner et réduire l’impact négatif de cette pathologie afin de développer votre plein potentiel. Un outil inestimable pour toute personne atteinte de TDA/H !
Pascale De Coster est auteure de livres pour enfants et d’ouvrages consacrés au TDA/H. Touchée directement par ce trouble et fondatrice de l’association TDA/H Belgique, elle s’implique depuis de nombreuses années dans l’aide aux personnes qui y sont confrontées.
Témoignage : le TDA/H est une souffrance
Le TDA/H est une souffrance.
Ma première souffrance date « des bancs de l’école » où je me sentais tellement différent des autres enfants sans jamais pouvoir mettre le doigt sur le trouble qui me rongeait.
Ma lenteur, mes distractions, ma trop grande sensibilité ont été mises sur le compte « d’un manque de maturité », puisque né fin décembre… Pourtant après avoir doublé ma 4ème technique, je suis resté ce jeune lent, distrait, trop sensible et si différent.
Alors, j’ai continué à grandir avec ce sentiment d’être moins que les autres, j’ai continué à me dévaloriser jusqu’à l’âge de 40 ans appelé communément « l’âge mûr ».
A ce moment là, j’ai tenté, pendant 4 longues années de thérapies, de restaurer un semblant d’estime de soi… en vain.
C’est à 47 ans qu’un médecin mettra enfin un nom sur le trouble qui me pourrissait la vie depuis si longtemps, « le TDA/H ». Quel soulagement !
Albert
Copyright © TDA/H Belgique asbl – http://www.tdah.be – All Rights Reserved.
Témoignage
Le pire dans toute cette souffrance est de voir que mon fils rencontre les mêmes difficultés que moi. Je me sens complètement démuni. Je ne suis jamais arrivé à rien dans la vie alors comment je vais faire pour l’aider à faire face à son trouble ?
Bertrand
Copyright © TDA/H Belgique asbl – http://www.tdah.be – All Rights Reserved.
Un jour j‘ai appris que je souffrais de TDA/H… Et, j‘ai enfin compris pourquoi ma vie ressemble souvent à…
Test évaluatif des symptômes du TDA des adultes
Test évaluatif des symptômes
du TDA des adultes
par Daniel G. Amen, Tacoma, WA, janvier 1999 – Amen Clinic
Il est permis de télécharger ou reproduire l’article qui suit, de créer des hyperliens s’y référant ou de l’inclure dans un site web à la condition de bien mettre en évidence en tête dudit article la déclaration suivante:
Ce matériel éducatif est rendu disponible grâce à la courtoisie de Darryl Peterson et de Attention Deficit Disorder Resources, un organisme sans but lucratif qui a son siège social à Tacoma dans l’État de Washington et dont l’objectif est d’aider les personnes déficientes attentionnelles à réaliser leur plein potentiel. Notre abondante documentation ainsi que notre revue trimestrielle sont en vente à l’adresse suivante: ADD Resources, 223 Tacoma AveS, #100, Tacoma, WA. 98402. – Tél.: (253) 759-5085 – Courriel (en anglais): addresources@nventure.com – Site web: www.addresources.org. – Source francophone: le TDA des adultes. |
Conjointement à d’autres méthodes diagnostiques, le docteur Amen affirme qu’il utilise le test général suivant du TDA des adultes pour «mieux définir les symptômes du TDA. Aucun déficient attentionnel adulte ne présente tous ces symptômes, mais si vous notez la présence marquante de plus de 20 de ces symptômes, il est plus que probable que vous ayez un TDA.»
Examinez cette liste de comportements et attribuez-vous un pointage (à vous ou à la personne qui vous a demandé de le faire pour elle) pour chacun des comportements qui y apparaissent. Utilisez l’échelle d’évaluation suivante et inscrivez le chiffre approprié à chaque ligne.
0 = jamais; 1 = rarement; 2 = à l’occasion; 3 = souvent; 4 = très souvent.
**Important: Ce test n’est pas un outil d’auto-diagnostic. Son but est simplement de vous aider à déterminer si un TDA peut expliquer les comportements de la personne que vous devez évaluer. Un véritable diagnostic ne peut être fait que par un professionnel d’expérience.
Antécédents
- ___ *1. Histoire des symptômes du TDA dans l’enfance (distractibilité, problèmes de concentration, impulsivité, agitation). Le TDA n’apparaît pas à 30 ans.
- ___ 2. Vous n’avez pas toujours vécu à la hauteur de votre potentiel à l’école ou au travail (bulletin mentionnant: «n’utilise pas son plein potentiel.»)
- ___ 3. Vous avez eu de fréquents problèmes de comportement à l’école (surtout les garçons)
- ___ 4. Vous mouilliez votre lit après l’âge de 5 ans.
- ___ 5. Vous avez des antécédents familiaux de TDA, de troubles d’apprentissage, de troubles de l’humeur ou d’abus de substances.
Problèmes de concentration, distractibilité
- ___ *6. Vous avez des problèmes de concentration à moins d’avoir un intérêt particulier dans quelque chose.
- ___ *7. Vous êtes facilement distrait, vous avez tendance à vous éloigner du sujet (quoique hyper-concentré à l’occasion).
- ___ 8. Vous oubliez souvent des détails, par distraction.
- ___ 9. Vous avez de la difficulté à suivre attentivement les instructions.
- ___ 10. Vous avez tendance à confondre les choses.
- ___ 11. Vous passez des lignes en lisant, ou vous commencez par la fin; vous avez de la difficulté à suivre le fil.
- ___ 12. Vous trouvez difficile d’apprendre de nouveaux jeux, car vous ne pouvez que difficilement suivre le fil des instructions.
- ___ 13. Vous êtes souvent distrait pendant les relations sexuelles, causant souvent des arrêts ou des coïts interrompus.
- ___ 14. Vous avez une piètre capacité d’écoute.
- ___ 15. Vous avez facilement tendance à vous ennuyer, à vous embrouiller.
Agitation
- ___ 16. Vous êtes agité, vous vous déplacez constamment, vous avez la bougeotte des jambes ou des mains.
- ___ 17. Vous devez être en mouvement pour réfléchir.
- ___ 18. Vous avez de la difficulté à rester assis, tel que rester assis longtemps au même endroit, devant un bureau ou au cinéma.
- ___ 19. Vous avez un profond sentiment d’anxiété ou de nervosité.
Impulsivité
- ___ 20. Vous êtes impulsif en paroles et/ou en actions (ex.: dépensier).
- ___ 21. Vous dites ce qui vous passe par la tête sans considérer les conséquences (manque de subtilité).
- ___ 22. Vous avez de la difficulté à suivre les sentiers battus, à suivre les procédures normales; attitude de «quand plus rien d’autre ne fonctionne, lisez donc les instructions.»
- ___ 23. Vous êtes impatient, vous avez un faible taux de tolérance à la frustration.
- ___ 24. Vous êtes prisonnier du moment présent.
- ___ 25. Vous contrevenez souvent aux règlements de la circulation.
- ___ 26. Vous changez souvent d’emploi, de façon impulsive.
- ___ 27. Vous avez tendance à mettre les autres dans l’embarras.
- ___ 28. Vous mentez ou volez de façon impulsive.
Peu doué pour l’organisation
- ___ 29. Peu organisé, vous êtes incapable de planifier; vous avez de la difficulté à maintenir un milieu de travail ou un milieu de vie convenable.
- ___ 30. Vous êtes toujours en retard ou à la course.
- ___ 31. Vous avez souvent tendance à accumuler les choses («ramasseux»).
- ___ 32. Vous êtes facilement dépassé par les tâches de la vie quotidienne.
- ___ 33. Vous êtes mauvais gestionnaire (factures accumulées, comptabilité confuse, argent inutilement dépensé en frais de retard.)
Difficulté à vous y mettre et à persévérer
- ___ 34. Procrastination chronique ou problèmes de mise en train.
- ___ 35. Vous entreprenez beaucoup de projets que vous ne terminez jamais; manque de persévérance.
- ___ 36. Vous avez des élans d’enthousiasme vite refroidis.
- ___ 37. Vous êtes inefficace, vous mettez trop de temps pour accomplir certains travaux.
- ___ 38. Vous êtes inconstant au travail.
Négation/négativisme
- ___ 39. Vous avez un sentiment chronique de ne pas fournir votre plein rendement; sentiment de ne pas être rendu «plus loin que ça» dans la vie.
- ___ 40. Vous avez un manque chronique d’estime personnelle.
- ___ 41. Vous avez souvent le sentiment d’une catastrophe imminente.
- ___ 42. Vous êtes d’une humeur instable.
- ___ 43. Vous êtes négatif [«rectomyope!»].
- ___ 44. Vous êtes souvent démoralisé …
Problèmes relationnels
- ___ 45. Vous avez des difficultés à maintenir des amitiés ou des relations intimes (promiscuité).
- ___ 46. Vous avez des problèmes d’intimité.
- ___ 47. Vous avez tendance à être irresponsable.
- ___ 48. Vous êtes égocentrique, vous manquez de maturité.
- ___ 49. Vous n’arrivez pas à voir l’importance des besoins ou des activités des autres.
- ___ 50. Dans vos relations, vous vous exprimez peu.
- ___ 51. Vous avez parfois des abus de langage à l’égard d’autrui.
- ___ 52. Vous êtes enclin à des débordements hystériques.
- ___ 53. Vous évitez les activités de groupe.
- ___ 54. Vous supportez mal l’autorité.
Tempérament prompt
- ___ 55. Vous répondez du tac au tac à des insinuations réelles ou imaginaires.
- ___ 56. Vous avez de fréquents accès de rage. Quête incessante de stimulations fortes.
Quête continuelle de sensations fortes
- ___ 57. Vous recherchez constamment les sensations fortes (saut en bungee, obsession du jeu, course automobile, emplois stressants, ER doctors[?], vous faites souvent plusieurs choses en même temps).
- ___ 58. Vous avez tendance à rechercher les situations conflictuelles, vous aimez à argumenter ou à vous obstiner uniquement pour le plaisir de la chose.
Tendance à vous enliser (dans des attitudes ou des comportements)
- ___ 59. Vous avez tendance à vous préoccuper inutilement et constamment.
- ___ 60. Vous êtes enclin aux dépendances (nourriture, alcool, drogues et médicaments, travail).
Inversions involontaires
- ___ 61. Vous inversez des chiffres, des lettres ou des mots.
- ___ 62. Vous inversez des mots dans les conversations.
Coordination motrice pénible, difficulté à écrire
- ___ 63. Vous avez de la difficulté à écrire, la transmission de l’information se fait mal de votre cerveau au crayon.
- ___ 64. Votre écriture cursive étant difficilement lisible, vous préférez les caractères d’imprimerie.
- ___ 65. Vous avez des problèmes de coordination.
«Plus j’essaie, pire c’est.»
- ___ 66. Votre performance se détériore sous l’effet de la pression.
- ___ 67. Angoisse de l’examen: votre mémoire flanche durant un examen.
- ___ 68. À force d’insistance, votre situation se détériore.
- ___ 69. Vos travaux scolaires ou professionnels se détériorent sous l’effet de la pression.
- ___ 70. Lorsque interrogé dans des situations sociales, vous avez tendance à fuir ou à figer.
- ___ 71. Vous vous fatiguez ou vous vous endormez en lisant.
Problèmes de sommeil et d’éveil
- ___ 72. Vous avez de la difficulté à vous endormir le soir, vous avez trop de choses à penser.
- ___ 73. Vous avez de la difficulté à vous éveiller (besoin de café ou d’un autre stimulant ou d’une activité quelconque avant de vous sentir éveillé).
Manque d’énergie
- ___ 74. Vous avez des périodes de baisse d’énergie surtout l’avant-midi et l’après-midi.
- ___ 75. Vous vous sentez souvent fatigué.
Sensibilité aux bruits ou aux touchers
- ___ 76. Vous sursautez pour des riens.
- ___ 77. Vous êtes sensible au toucher, aux vêtements, au bruit et à la lumière.
Après avoir complété ce test, faites le grand total:
Nombre de lignes avec une note de 3 ou plus: ___
Note à la ligne 1: ___
Note à la ligne 6: ___
Note à la ligne 7: ___
Suggestion du docteur Amen: si vous avez obtenu plus de 20 lignes avec une note de 3 ou plus, il y a de bonnes chances que vous ayez un TDA.
Note: les trois lignes précédées d’une * sont essentielles au diagnostic.
- TDA/H: Trouble de l’attention (déficit d’attention) avec ou sans hyperactivité
(AD(H)D: Attention Deficit (Hyperactivity) Disorder) - DA: déficient-e attentionnel-le
Titre original: «General Adult ADD Symptom Checklist»
Traduction: GLM, mai 1999
Témoignage de parent : l’espoir fait vivre
L’espoir fait vivre
J’ai un fils de 14 ans et deux filles de 11 et 6 ans.
Depuis toujours nous nous sommes posés des questions quant à la personnalité de notre fille de 11 ans, son comportement différent, ses réactions hors normes par rapport aux enfants de son âge …
Tout bébé déjà, elle était différente. Toujours en excitation en tout, elle avait la bougeotte.
A l’école maternelle, ce fut la catastrophe.
L’enseignante de ses débuts était perdue avec cet enfant qu’elle n’arrivait pas à motiver, à captiver pendant que les autres enfants écoutaient bien sagement les histoires, les consignes, participaient aux activités, notre petite Aline était ailleurs, dans sa bulle, ne comprenait rien à rien et finissait par se retirer dans son coin.
A l’époque, son langage présentait quelques troubles et son comportement était inadéquat (elle se prenait pour un animal, notamment le roi lion qui l’avait marqué depuis le film de Walt Disney).
Elle baragouinait tout le temps, mais le message était bien souvent incompréhensible sauf pour moi, sa maman. Elle avait fréquemment des gestes animaux, marchait souvent à quatre pattes, poussait des cris, vivait dans sa bulle.
Bien vite le centre PMS de l’école s’est proposé à lui faire passer les tests qui s’imposent (sur conseil de l’enseignante et notre accord car quelque chose n’allait pas!).
Au niveau QI, aucun problème, mais le langage devait être « apprivoisé » et les comportements « canalisés ». Elle a donc été suivie par une logopède pendant plusieurs années, qui soupirait souvent de ne pouvoir pas bien avancer avec elle. Cette logopède me disait qu’elle était constamment distraite, dans sa bulle, qu’elle avait un grand besoin de parler, mais finalement pour ne rien dire. Cette personne est la première à m’avoir dit que cet enfant était sans doute TDA/H.
Nous avons abandonné la logopédie faute de résultats probants, et nous sommes tournés vers des pédopsychiatres en tout genre (attention : consultation de 4 personnes en tout). Mais n’avons jamais obtenus aucune réponse satisfaisante à nos profondes questions ! Alors abandon. Nous sommes allés lui faite suivre tout une série de tests à l’hôpital X à Bruxelles, pour enfin savoir ce qui n’allait pas chez elle. Résultat : une enfant hyper émotive, plus sensible que d’autres dans l’affectif dû sans doute à l’hérédité du côté de son papa (famille dépressive toute l’année du côté de sa grand-mère, tous hypocondriaques, l’oncle maternel de mon mari se suicide après un échec sentimental, son propre frère devenu alcoolique, en marge de la société, épileptique, parano, mythomane et finalement décédé à 40 ans dans soi-disant un crise épileptique ou destruction des cellules du cerveau ?).
Enfin, pour notre petite fille, il ne fallait pas s’inquiéter, elle était « normale », simplement il y avait chez elle plus de « faiblesse » héréditaire et notre présence et amour allait tout arranger. Mais tout au fond de moi, avec mon coeur de mère, cette réponse de « spécialistes » ne me donnait pas satisfaction, je sentais bien qu’il y avait autre chose !
Au niveau scolaire, elle a toujours connu beaucoup de difficultés, surtout dans le calcul qu’elle n’a jamais pu comprendre, et aussi la géométrie. Ces matières-là, c’est souvent du « chinois » pour elle. Les problèmes, n’en parlons pas, on dirait qu’aucun cheminement logique n’est possible pour elle et forcément elle ne parvient jamais à la solution.
Que de pleurs et d’énervements pour faire ses devoirs !
Parfois, je crois enfin qu’elle a compris, que la pièce est tombée et puis je m’aperçois que ce n’est pas vrai, que tout est à refaire, et ça dure des heures et des heures…
A l’école, elle n’a qu’une copine, c’est toujours la même depuis des années, elle ne parvient pas à s’en faire de nouvelles, car à part cette copine, bien souvent les autres enfants se moquent d’elle, de ses réponses, de ses comportements. Alors elle est triste, elle se replie, et c’est finalement grâce à cette copine qu’elle tient le coup.
Les professeurs successifs me disent tous la même chose : Aline n’est pas bête, mais dans la lune, sur sa planète, elle se demande souvent ce qu’on lui veut !
Un jour, c’est le drame, sa « seule » copine en prend une autre, et notre fille se sent triste plus que d’habitude. Moi je lui dis de s’en faire des autres, que ce n’est pas grave, que c’est normal, mais rien y fait. Justement elle n’arrive pas à se faire d’autres copines. Elle se met dans un « état dépressif » qui fait peine à voir. J’en parle à notre médecin de famille, qui me donne l’adresse d’une psychologue pour enfant. Dès le départ, le courant passe bien, elle deviennent complices en quelque sorte, même que Aline réclame son RDV, car je sens qu’elle en a besoin, elle aime cette personne et le bien qu’elle lui apporte. La psy, personne douce et gentille, me signale son manque d’attention fréquent dans les jeux, l’écoute, sa grande sensibilité, et me parle pour la première fois de dysphasie et de dyscalculie. Je me documente sur le sujet et finalement en tire la conclusion, de concert avec la psychologue qui avoue elle-même bien la comprendre, car elle-même enfant dys, qu’on ne sait rien y faire, qu’elle sera toujours un peu différente, mais qu’elle fera comme tout le monde son bout de chemin, avec ses difficultés.
Nous nous disons : bien sûr qu’elle ne fera pas de grandes études, par exemple, mais l’important est de la diriger assez vite, après les primaires vers un métier qui lui colle et lequel ?
Qu’elle soit heureuse, c’est l’essentiel ! Alors de nouveau abandon de la psychologie.
Au niveau scolaire, elle a redoublé sa 4ème année, en concertation avec parents et profs, car depuis trop longtemps, nous sentions tous qu’elle traînait le boulet, et qu’une année doublée lui permettrait de recharger les batteries.
En effet, cela a été bénéfique sur sa scolarité, cela l’encourage, d’autant plus qu’elle est avec des enfants plus jeunes qui se moquent moins d’elle.
Une constatation générale : « on dirait qu’elle ne veut pas grandir »! Je suis témoin à la maison, et cela me fait mal, de voir que son frère, sa soeur se moquent de ce qu’elle dit, car c’est bien souvent hors propos.
Au niveau de son parler, elle a beaucoup de mal à faire passer ce qu’elle veut dire, elle bafouille avec les mots et la construction de sa phrase, au niveau compréhension, elle ne comprend pas comme les autres et moi sa maman, à force de, je sais les mots à utiliser pour l’aider, car la compréhension de beaucoup de mots de vocabulaire, même « accessibles » pour son âge fait défaut. Souvent, lorsque peinée ou frustrée, elle « s’angoisse » et devient « excessive » : elle se met à parler comme un bébé, roule des yeux, devient même agressive, crie plus fort, pleure plus fort, parfois frappe de main légère son frère et sa soeur. Dans ses moments de joie, elle rit aussi plus fort que les autres, on dirait que la sonorité doit pour elle être amplifiée pour exprimer son émotion. C’est parfois dérangeant. Au niveau des responsabilités, je suis avec elle bien plus prudente que je ne l’étais avec son frère aîné, pour traverser la rue, par exemple, jamais je n’oserais la laisser seule (elle a 12 ans dans 2 mois), car je « sens » que je « crains » de trop. Elle n’est pas prête pour ce genre de choses. Enfin, je pourrais encore vous en dire tant …
Lorsque j’ai consulté votre site, tout de suite j’ai été absorbée par le sujet, car il me semble qu’il nous « colle » terriblement, en ce qui concerne ma fille et finalement, c’est évident, mon époux, avec qui j’ai toujours connu des difficultés relationnelles, des comportements inadéquats devant diverses situations, l’impression personnelle et profonde que pour lui aussi, depuis notre rencontre, quelque chose n’allait pas.
En fait, je me suis toujours posée la question du pourquoi il n’est pas, et n’a jamais été comme les autres hommes. Et parfois, j’avoue, j’ai « honte » de lui quand on se trouve parmi un groupe de gens que intellectuellement parlant, ont fait leur chemin.
IL objecte sans cesse dans les conversations, parle fort, coupe la parole à tout bout de champ, appuie ce qu’il dit, même si objectivement il a tort, discutant par exemple d’un sujet pour dans lequel les « autres » sont spécialistes et savent de quoi ils parlent.
Lui est souvent « à côté de la plaque » et ne s’en aperçoit pas, et insiste! Tout cela me met mal à l’aise, je l’avoue.
Pour ses enfants, il croit qu’il est le père idéal, car pour lui gagner sa vie pour que les enfants ne manquent de rien (et moi aussi), c’est suffisant. Moi je vois les choses autrement : un père doit être présent, s’occuper de ses enfants, les câliner, les occuper, leur parler, les écouter. Pas tout le temps, j’en conviens, car fatigue du travail, mais quand même, un peu de « présence » serait quand même plus normale ou alors pourquoi avoir fait des enfants ?
J’ai toujours le sentiment qu’il ne veut pas grandir, qu’il est « un enfant de plus » (j’en ai donc 4 en tout!). Et qu’il a tant besoin de moi, en tout, que sans moi il n’est plus rien, il me l’a dit si souvent.
En bref, je pense et j’observe qu’il n’arrive pas à trouver sa place à bien des niveaux : affectif, professionnel, matériel, en tant que père, pour prendre des décisions. Il n’arrive donc pas à « se responsabiliser », à prendre sa place d’adulte comme il se doit. Il en résulte donc une personnalité bizarre, en marge dans ses réactions et comportements.
Chez lui, tout est aussi très excessif : ses moments de joie sont démesurément manifestés et ses peines frisent à chaque fois la dépression. Si, par exemple, je lui impose un non, si je lui fait remarquer que ceci ou cela n’est pas « bien », si je le lui fait remarquer ceci ou cela « pour son bien », au lieu d’argumenter pour faire part de son point de vue et en débattre, il « prend la fuite ». Alors, il s’isole, boude,ne s’occupe plus de rien, même de ses enfants, se sent rejeté, incompris … et finalement, moi, à côté qui m’épuise à vouloir l’aider et vouloir l’aimer. Souvent je pense l’excuser et essayer de le comprendre de part son vécu d’enfant et d’ado, entourés de gens « hors normes », au réaction bizarres, tous « malades » psychologiques, je suis désolée, mais c’est flagrant ! Lui-même avoue que sa famille est et à toujours été différente, pas très saine d’idées, aux réactions et comportements bizarres, et le déplore.
Bref, ces derniers mois, cela devient tout simplement « insupportable » pour moi, il m’épuise, il me presse comme un citron, j’attends de lui plus de « normalité », plus d’amour normal exprimé pour moi et les enfants. Mais rien n’y fait, il se met de plus en plus « de côté » et je lui reproche de vivre « à côté » de nous, en ne se souciant plus que de ses propres intérêts et passions. Exemple : il a une passion exacerbée pour tout ce qui est voiture et une marque en particulier. Je n’y vois pas de trop d’inconvénients, sauf que je trouve anormal de s’en préoccuper autant que pour un enfant ! Il la chouchoute, sa voiture, est un abonné des car-wash et du garagiste (sans doute son meilleur client!). Quand je lui dit qu’il exagère, que nous aussi nous avons besoin de sa présence, qu’il vaut mieux passer le temps en famille, avec les enfants, il ne comprend pas ! Je suis tombée de haut lorsqu’il m’a répondu : « Tu ne peux pas comprendre ce qui se passe entre elle et moi. Elle au moins, elle ne me dit rien, ne m’engueule pas, fait tout ce que je lui demande, j’appuie sur la pédale et elle va plus vite (il adore la vitesse, je trouve cela affreux quand on est en famille), enfin tu ne peux pas comprendre que c’est de l’AMOUR ! Et bien NON, je ne peux pas comprendre cela !
D’autres exemples de son comportement : la maison = fauteuil/TV, si je le lui reproche (car je suis désolée, nous avons 3 enfants à élever, un commerce à faire fructifier, une maison inachevée au niveau travaux …),donc d’autres choses à faire de constructif, il me semble, il se brusque et prend la poudre d’escampette, soit il va dormir sans dire au revoir à personne, soit il trouve toute les excuses possibles pour aller Dieu sait où pour éviter de rester à la maison en famille. Souvent même, quand il est dans ses « bouderies », il sait rester des week-end entiers (2 jours) scotché-étendu dans le divan et TV oblige, même si il s’endort. Cela me tue ! Ce qui nous sépare aussi, c’est le niveau études, moi ayant suivi des études supérieures et lui se retrouvant ado à l’apprentissage.
IL y a une dizaine d’années, nous avons repris un commerce en gros sur sa volonté (moi j’avais un autre boulot dans mon genre et j’ai longuement hésité à abandonner pour réaliser son souhait), donc en fait il est chef d’entreprise, mais n’en prend aucune responsabilité profonde. Bien sur, il « fait son boulot », comme il dit, il fournit la clientèle avec son petit camion, mais après, pour lui, c’est fini. Pour tout ce qui est administratif, comptable, bancaire … Je suis là et il le sait ! Et il ne trouve pas cela normal de se tourner vers de telle préoccupations, alors que finalement, c’est lui le gérant, le chef d’entreprise, je ne suis qu’une aidante. J’aime mon boulot, ce n’est pas le problème, je le fait avec coeur, je me sens moi responsable d’aller vers un mieux, mais je déplore le fait que lui ne s’en préoccupe pas, pas tout le temps, j’en conviens, mais quand même un peu, pour ne pas se retrouver « dans le gaz », si jamais je n’étais pas là, absente ou malade, qui sait. Son comptable, qui peut se le permettre parce que avant tout un ami, nous a déjà tellement dit que si je n’étais pas là, le commerce serait déjà bien fini depuis longtemps. Autre fait : depuis bien longtemps, j’ai remarqué que le calcul, la logique mathématique, les comptes, la logique administrative… ne sont pas sa tasse de thé. IL me dit que cela l’énerve, il se sent sans doute gêné de m’avouer qu’il n’y comprend rien en fait. J’ai déjà plus d’une fois « expérimenté » ses capacités dans ce domaine et je m’étonne de voir qu’en fait on dirait qu’on ne parle pas le même langue dans le domaine de la logique. C’est très déroutant pour moi !
Bref, je suis avec lui, toujours mal à l’aise, c’est comme si j’avais à côté de moi un petit gamin, et que je dois jouer à la maman. Sans moi, il est perdu, à bien des niveaux, et je me sens donc avec lui responsable de sa sécurité et de son bonheur. Quelque part enchaînée !
Au début de notre relation, toute ma famille, mes amis m’ont toujours dit : attention, ce n’est pas un garçon pour toi !
Mes parents ont tout fait pour me dissuader de poursuivre avec lui, car trop différent de moi, voire à l’opposé de moi à tout point de vue, mais moi je sentais qu’autre chose de bien plus fort que nos différences nous unissait et j’ai donc fait mon choix. Aujourd’hui, je me demande si j’aurais pas mieux fait d’écouter ma famille, car malgré « tout le bien », toute l’aide, tout encouragement que je lui ai toujours manifestés, lorsqu’il me dit notamment qu’il est et a toujours été un nul, même pour ses parents, je pense que j’ai « perdu mon temps » et qu’il est temps de « ne plus rêver »!
En reparlant de ma fille, après la lecture de votre site, un réflexion de mon mari me vient souvent à l’esprit : parfois, lorsque celle-ci est « ‘déprimée » ou a telle ou telle réaction bizarre et que moi, sa maman, m’énerve sans doute à tort, j’ai souvent entendu les paroles suivantes de mon mari : « Mais laisse la donc. Moi je comprends ce qu’elle ressent. J’étais aussi comme cela quand j’étais jeune. Tu ne peux pas comprendre ! » Mais alors si je ne peux pas comprendre, mais lui apparemment bien, pourquoi ne m’explique-t-il pas de quoi il s’agit ?! Sans doute parce ce que c’est quelque chose qui leur est commun sans doute, qu’ils vivent au plus profond d’eux-même, pour lequel il n’y a pas de mots, pas d’explications ?
Depuis que c’est devenu impossible entre nous, la grosse crise en fait, on ne se comprend plus, on s’éloigne, on se boude et fait nouveau : moi si patiente en général, qui au bout de quelques jours « plie » et revient lorsqu’il y a dispute, cela fait près de 3 mois que je suis tout autre. Je n’ai justement plus aucune patience, j’ai finalement accepté de vivre pour moi et les enfants, sans plus me soucier de ce qui va ou ne va pas pour lui, car je lâche prise. JE DOIS ME RETROUVER. C’est impératif à mon bonheur et ne pas toujours me sentir là comme disponible. De toute façon, que je fasse tout ce que peux pour lui, pour son bien, il ne le comprend pas, il ne change pas pour autant, bien qu’il ai déjà promis « de faire un effort », mais les mots sans action concrète, c’est du vent. Souvent je me dis : « le fait-il exprès ou pas ? » Et donc, si il le fait exprès (ce que je doute quand même), c’est que j’ai marié une crapule. Si c’est involontaire, et pourtant si grave, une entrave au bonheur de tous, qui est là à portée de main, mais inaccessible, c’est que forcément il y a autre chose à comprendre que serait justement ce TDA/H dont j’ai eu connaissance via votre site (MERCI). Je reviendrai sur le fait, concernant ma fille notamment, qu’après contact avec de nombreux spécialistes dans le genre psy, aucun ne pas encore parlé de cette maladie, alors qu’au regard de votre site, ce que nous vivons est tellement évident ?!?
Un dernier point et une interrogation :
« Acculé » à mon repli, se trouvant devant une personne différente d’avant (=moi), sans doute pensant que je ne l’aime plus, ce qui est totalement faux, mon époux, après de nombreuses tentatives et conseils de ma part de « consulter », à pris la décision de voir un psy, il me l’a dit, mais ne me parle jamais de ce qui se dit, je ne sais même pas qui il voit, quand il va…
Je respecte son « intimité » à ce niveau, ne pose pas de questions, de toute façon je suis arrivée au point du « advienne ce qui devra arriver, mais moi je ne me bats plus, j’ai assez donné, si il a décidé de changer, tant mieux, on verra les faits ! » Ma question est quand même la suivante : je suppose que la/le psy connaît son boulot, mais je me demande quand même qu’elle « méthode » psy est engagée avec lui, si il/elle a déjà « découvert » ce mal dont il souffre, et si pas, si il/elle était « à côté de la plaque » et perd son temps (comme moi). Permettez-moi d’en douter ! Voyez le cheminement avec notre fille, des spécialistes qui « n’ont vu que du feu ». Alors que dois-je faire, intervenir et le mettre au courant de ce que je viens de découvrir ou laisser faire et voir ? Merci de me conseiller.
Voilà, cette longue histoire s’achève. J’ai été longue, j’en conviens, mais si vous saviez à quel point tout ceci m’interpelle, me remue, hante ma vie et mes pensées, nourri mes multiples interrogations quotidiennes.
A lire votre site, je crois enfin avoir pu mettre un nom sur ce qui nous arrive, cela me permet, et c’est important, de :
– savoir que je ne suis pas seule
– qu’il existe bel et bien des pistes pour les et m’aider
– qu’il ne faut donc jamais désespérer, bien que de ces temps-ci, j’ai un peu « baissé les bras »
– que, sans doute, ma « sacro-sainte autoculpabilité » de toujours envers ces deux êtres qui me sont si chers peut enfin disparaître (« mais qu’est-ce que j’ai encore bien pu faire pour les mettre dans un tel état, pour qu’ils soient si tristes …? »),et que l’énergie que je pourrai maintenant déployer pourra être utile, et porter ses fruits. Enfin j’espère tout çà, de tout coeur, car je me sens tellement malheureuse d’avoir du baisser les bras pour quelque part trouver la paix, enfin je vois les choses comme çà.
Encore un grand merci pour votre site, c’est tellement « humain », il jette du baume au coeur à tous ceux qui le consultent et se sentent interpellés, j’en suis sûre !
Il donne de l’espoir et l’ESPOIR FAIT VIVRE !.
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Témoignage de parents : Bouton d’or
Bouton d’Or
Mon fils est un jumeau dont le double est mort in utero. J’avais été hospitalisé avant le terme pour contractions inopportunes, avec un traitement prévu pour garder les bébés (ils étaient trop petits pour venir au monde). Le monitoring n’a jamais détecté quoique que ce soit. Nous ne l’avons réalisé qu’à la naissance.
Ca a été un terrible choc, et Gaétan est venu au monde dans une famille en mi-deuil, mi-exaltation. Une pédopsychiatre nous a tout de suite pris en charge, (nous l’avons revue pendant 6 mois). Mais à quelques jours à peine, quand on lui tendait les doigts, notre fils s’agrippait et se mettait debout, en essayant de sautiller. J’étais très fière de ce petit bout de chou, qui semblait tellement vigoureux. Le pédiatre le qualifiait d’ « enfant tonique ».
Le retour à la maison a été difficile, avec un petit bout qui hurlait tous les soirs. Seul son père arrivait à la calmer ; je le revois encore déambuler dans l’appartement en portant Gaétan et en lui massant le ventre.
Gaétan a grandit, est entré à la crèche. J’entendais souvent « il bouge, ce petit », « vous devez être contente quand il dort ». Moi je rigolais, fière de la vigueur de mon enfant. Les moments où j’ai eu peur ? Quand il est tombé dans les escaliers (à la crèche), quand il a posé les mains sur la porte du four (1 mn d’inattention de ma part). La première fois où j’ai eu honte et me suis sentie une mauvaise mère ? En voyant ses mains… A la pharmacie, devant le regard de la pharmacienne, quand je lui ai expliqué le pourquoi de la prescription médicale…
A la maternelle, au primaire, et maintenant au collège, j’ai l’impression de revivre encore et toujours les mêmes histoires ; Gaétan est malheureux, se bat souvent avec les autres, dit qu’il est mal aimé, veut que nous le protégions. Quand moi ou son père allons essayer d’arranger la situation, nous avons toujours le même retour. Gaetan a provoqué, ou a insulté, en réponse à une boutade ou une provocation d’un autre enfant ; bref ses réactions sont toujours disproportionnées par rapport à l’incident déclenchant… Par contre la violence augmente avec le temps, ça fait deux fois cette année que notre fils a eu la tête projeté contre un mur par des plus grands excédés par son comportement. Je ne compte plus les fois ou j’ai été voir les maîtresses de maternelles, primaires, les profs, je les assure de mon soutien, les informe du caractère tonique de mon enfant, leurs explique que nous ne sommes pas des parents démissionnaires (non non, je vous assure !), ressort de ses entretiens avec le cœur gros et la tête remplie de sombres pensées (genre mais ça ne finira jamais…).
Au quatre ans de notre fils, Aurore est née. J’ai guetté avec angoisse les premiers signes d’agitation (moi j’étais agité, pendant la grossesse et à l’accouchement, par peur d’une autre mort in utero) ; mais l’incroyable était là : elle était vivante, et calme, j’étais persuadé que tout irait bien pour elle …
A la crèche, pas de problème, Aurore était reconnue comme une petite fille enjoué et vivante, et la fois où elle est tombée de la planche à langer (le temps que j’aille chercher un nouveau paquet de couche quatre mètres plus loin), et où elle a du porter un casque en tissu le temps que la fêlure crânienne s’ossifie ; et bien cette fois là j’ai juste renforcée la très mauvaise opinion que j’avais de moi en tant que mère. Pas du tout pensé que peut-être la rapidité de cet incident pouvait laisser supposer qu’Aurore … Non non non, surtout pas ça.
Aurore est rentrée à la maternelle, où on a commencer à me dire qu’Aurore avait un caractère bien affirmé, qu’elle était très active…Mais rien d’alarmant . Prudence oblige, je suis devenue déléguée de parents d’élèves, les maîtres et maîtresse prenait des gants avec moi et mes enfants. Jusqu’ à la grande section de maternelle (Aurore avait 5 ans) où toute mes illusions se sont envolées ; la maîtresse m’a convoquée très vite ; Aurore n’écoutait rien, ne participait jamais en grand groupe, ne respectait pas les consignes, et pensait surtout au jeu, pas au travail. J’ai revu cette maîtresse plusieurs fois, je voyais bien qu’elle avait de plus en plus de mal à supporter Aurore. Et moi par la même occasion.
Le pompon, ça a été le jour de la visite médicale, où je voyais bien que la toubib essayait de me dire quelque chose, et me regardait comme on regarde une bombe qui va exploser.
Cette professionnelle hors pairs m’a finalement glissée le n° de téléphone d’un centre psy (je refuse le psy scolaire depuis le jour où il m’a dit qu’il fallait que j’apprenne à plaisanter avec Gaétan de la mort du jumeau). Après avoir téléphoner- ré-expliquer le coup de la plaisanterie, j’obtiens un autre n° de tel, celui d’un pédiatre exerçant en milieu hospitalier sur Montpellier et ayant la réputation d’être un spécialiste du TDA/H.
Nous y sommes allés. Pour lui, le TDA/H était bien présent chez nos deux enfants, mais peut-être simplement réactionnel à…tout ce que les enfants avaient pu vivre…
Parce que. Je vous ai beaucoup parlé des enfants, de ce qu’ils ont vécu ; et peu de mon couple, de moi…Bouton de rose. C’est comme ça que je me sens. Un potentiel pas exploité, des frustrations à n’en plus finir, et surtout surtout une incapacité à maîtriser mes émotions qui me font me sentir à l’étroit ; comme dans un bouton de rose qui refuserait de s’ouvrir. Voilà, pas facile de parler de ses aspects les plus cachés, ceux qu’on ne veut pas montrer aux autres, ceux qu’on ne veut pas voir. Et se battre, sans arrêt, pour s’organiser, ne pas oublier un rendez-vous, pour arriver à gérer la fatigue, pour être efficace, pour écrire sans fautes d’orthographe (merci le correcteur de Word), pour arriver à communiquer du mieux possible, sans être à coté de la plaque avec les autres… Essayer d’être une bonne mère, savoir que parfois on y arrive, mais que l’agitation permanente des enfants entraîne bien souvent des réactions que l’on regrette après : punitions corporelles, brimades, cris, colères…
Ca fait trois ans que j’ai décidé d’arrêter la fessée. Pas facile, mais ça finissait par devenir ma seule réponses aux bêtises des enfants. Je me voyais avec horreur me transformer en mère fouet tarde, avec des emportements, les enfants terrorisés par mes colères, une culpabilité rongeante et l’impression que je m’enfonçais dans un tunnel de plus en plus noir…. Et que ça n’arrangeait pas la situation sur le long terme. Il y a des dépendances physiques, je suis persuadées qu’ils existe des dépendances comportementales ; en tout cas pour moi, dés que la réponse fessés ou gifles arrivait, je me l’interdisait, je criais, j’envoyais les enfants dans leurs chambres et je m’effondrait en pleurant, tant était grande la frustration que leurs comportements ; mon impuissance ; me faisaient ressentir. J’en ai aussi parlée à notre médecin de famille, la parole est magique, de m’entendre DIRE a été aussi déterminant que ma prise de conscience qu’il fallait arrêter. Mais j’ai réussi à décrocher, l’envie est parfois présente, mais je ne la laisse plus me submerger. On est passés à des tableaux de bons et mauvais points, puis à des règles de vies qui évoluaient au fils des mois, avec les punitions correspondantes.
D’ailleurs je commençais à tomber dans l’excès, dés que les enfants enfreignait une règle, je punissais (avec bien sur une graduation selon la gravité de la bêtise) tant j’étais persuadée qu’il fallait un cadre éducatif structurant et des règles bien établies, et que pour ce faire ils fallait ne pas laisser impuni la moindre infraction…
Gaetan n’en pouvait plus. Après avoir mis son réveil à sonner à 4heures du matin (nous nous en sommes aperçus 15 jours plus tard) pour jouer sur Internet, et ce pendant 3 jour ; arriva ce qui devait arriver, la fatigue aidant : il s’est battu tellement fort avec d’autres collégiens qu’il s’est retrouvé à l’infirmerie.
L’infirmière (cette femme est géniale) a énormément discuté, et a écouté Gaetan. Elle nous a contacté pour nous raconter la bagarre, et nous dire que Gaetan n’allait pas bien du tout.
A son retour, j’étais prête à l’entendre, et c’est là qu’il m’a expliqué qu’il n’en pouvait plus des punitions, qu’il voulait des parents cool, qu’ils lui explique le pourquoi, lui dise quand il dérape, le reprendre mais Jamais le punir. On a donc passé un pacte, c’est une attitude de tout les instant, il faut rappeler les règles sans crier et sans punir… Lui doit obéir, essayer de ne pas nous faire répéter (il m’a même demander d’arrêter de lui parler, je lui dis juste « Gaetan » et lui doit réagir en fonction de la situation. J’ai adopté la même attitude avec Aurore, je la félicite plus, l’ambiance de la maison a changé. Cet enfant est génial, c’est lui qui a trouvé une issue à une situation qui ne satisfaisait personne. Par contre lui s’est rendu compte qu’être cool n’étais pas si facile, il doit garder son calme avec sa petite sœur (plus de coup entre eux depuis que moi, j’ai arrêté), ne pas laisser la pression exploser sur ses proches quand il s’est battu au collège ; bref j’en passe et des meilleurs ; et ça marche ! C’est pas toujours facile, c’est un travail de tout les instant (je me couche comme les poules et épuisée). Je vois bien que Gaetan fait des sacrés efforts, mais il y a encore des rechutes. Des deux cotés. Mais on s’accroche. On s’accroche.
Et le papa, me direz-vous, vous qui n’aviez pas oublié que le pédiatre de l’hôpital penchait pour une hyperactivité réactionnelle parce que… (Hummm, que vous n’aviez pas oublié ?) Parce qu’à lui j’ai pu lui dire que leur papa avait arrêté de boire très dernièrement. Que le papa buvait depuis que je l’avais rencontré. Que je ne l’avais jamais catalogué comme alcoolique, parce que mon propre père, puis ma mère ont bu plus que de raison. (Non, ça je ne lui ai pas dit.) Mon père est mort atteint du syndrome de korsakoff (en langage courant, comme on cause nous, quoi, on dit qu’il a vu un éléphant rose) et ma mère est décédé d’un cancer du foie foudroyant. Quand on grandit dans l’alcoolisme ambiant, d’abord on ne le repère pas comme tel, ensuite on trouve ce comportement normal. (Pas normal au sens de tout va bien, mais normal parce que c’est comme ça qu’on vit). On en est imprégnée. J’ai suivi un long chemin de psycho-thérapie, de questions aux docteurs et spécialiste, de séparations, divorces … Et le dernier acte judiciaire, c’était pour moi de faire retirer la garde des enfants au papa. De faire entendre à la justice que la consommation excessive de leur père les mettait en danger.
La juge m’avait demandé (oh enfin j’étais entendue !) si je voulais retirer la garde des enfants immédiatement au papa, ou bien si je voulais attendre une désalcoolisation, après une période ou celui-ci ne verrai pas les enfants. J’ai préféré attendre. Je ne pouvais pas me résoudre à enlever aux enfants leurs père ; sans avoir laissé à celui-ci une dernière chance.
Et l’amour d’un père est plus fort que l’alcool, l’amour d’un homme pour sa compagne est plus fort qu’une dépendance ancrée depuis des années parce qu’il a arrêté. Complètement.
Ca fait 2 ans, il est devenu abstinent total. Il n’y a plus jamais une goutte d’alcool à la maison Et la vie a changé. La vie change. Tous nos comportements se sont peu à peu modifiés, avec les enfants, entre nous …
Bon d’accord, mais me direz-vous : et ce pédiatre à l’Hôpital (Hummm, l’avez tout de même pas oublié, ce pédiatre !) Et bien, quand il m’a eu annoncé que les enfants étaient certainement TDA/H réactionnel, je l’ai claironné partout. Contente que j’étais d’avoir une explication rationnelle. Et si c’était réactionnel, ça ne pouvait que s’arranger. Avec le temps.
Nous avons été orienté vers un service hospitalier avec pédopsychiatre, psychologue. Les enfants ont tous les deux passées les test de QI. Gaetan a 111, Aurore 118 ; bien loin des 140 des enfants surdoués ; et allez hop un autre problèmes en moins ( et des parents rassuré sur les capacités intellectuelles de leurs enfants). Aurore a passé son CP avec des rendez-vous médicaux ( malheureusement pas les psychologues, trop débordés ; avec la chef de service) et Gaétan a commencé sa 6 éme avec une jeune psy comportementale, spécialisée dans les pré-ados. (Gaetan a déjà vu un tas de psy). J’y croyais…
J’étais même, oui j’étais une convaincue du psychologique ; et même devant la question de la psy « mais pourquoi Gaetan me raconte TOUT ses problèmes, et jamais ce qui lui arrive de sympa ? Pourquoi me dire toujours que tout va mal ? » Et même devant la description d’Aurore par la chef de service au pédiatre (hé hé encore lui !) « Enfant qui se lève sans arrêt de table, mord ses stylos et ses habits, a des difficultés d’endormissement », et bé j’y croyais ferme, moi, que ça allait s’arranger, que je devais juste insister pour qu’un suivi psy se mettent en place pour Aurore ; suivre les conseils de la psy de Gaétan « il faut lui apprendre à relativiser les problèmes qu’ils rencontrent avec les autres pré-ados » (Si si elle a raison). Mon optimisme était sans faille, l’homme de ma vie vivait toujours sans alcool, les relations se simplifiaient, mes crises de colères s’espaçaient, celle du papa aussi, on arrivaient à discuter ensemble des problèmes des enfants, à réfléchir, à chercher des stratégies éducatives, j’ai arrêté de travailler voici 1 an et demi, j’étais présente pour les devoirs, fini la cantine (ou si peu) pour Aurore…
Mais les bagarres, altercations, disputes, mots d’oiseaux ne s’estompaient pas pour Gaétan. Il a même eu un avertissement au 2éme trimestre, malgré des notes relativement correcte (15 en math, 14 en français) ; Aurore n’écoutait toujours pas son papa (elle le mène par le bout du nez, il lutte mais elle gagne souvent). Nous commencions à nous dire qu’on ne comprenait plus, malgré le chemin parcouru ; voir nos enfants toujours en souffrance, toujours en difficulté relationnelle avec les autres ; même si d’énormes changements en nous, chez les enfants avaient eu lieu….
Mais dans une vie, il y a toujours des événements marquants, qui conditionne la suite des événements, et pour moi ça a été un coup de fil de la maîtresse d’Aurore me demandant de la rencontrer. Elle voulaient me faire part de sa décision de faire redoubler Aurore, qui avait eu des notes lamentables (et donc pas d’acquis réel) au 2eme trimestre. J’ai refusé.
Vous connaissez l’expression « le ciel m’est tombé sur la tête » ? Et bien c’est littéralement ce que j’ai ressenti quand j’ai raccroché le téléphone. Comment ma petite puce, avec ses capacités intellectuelles, comment pouvait-on lui proposer un redoublement ?
Et trois jours plus tard c’était la prof principal de Gaétan qui m’appelait, elle voulait me voir, Gaétan lit pendant les cours…
J’ai vu ces adultes, et leur ai annoncé mon intention de mettre en place un traitement avec du Méthylphénidate. Nous avons rendez-vous le 29 Juin avec le fameux pédiatre. Il m’avait glissé que la Méthylphénidate seraient peut-être bien, mais je n’ai jamais voulu l’entendre. Ça allait s’arranger, ça ne pouvait que s’arranger. Mais rien ne change dans les symptômes de nos enfants. Alors ils faut que je me rendre à l’évidence et que je fasse mienne la formule de notre doctoresse de famille : « le psychologique a ses limites » Et je crois qu’avec nos enfants, il l’a trouvé. Et je crois qu’il faut aider le physiologique.
Alors depuis quelques jours, je hante Internet (en attendant le rendez-vous, avec qui ? Voui le pédiatre ! ) Et je cherche, je découvre, je lis des témoignages (suis PLUS toute seule !), découvre que le comportements de mes enfants est décrit comme une liste de symptôme de TDA/H, et je pleure, pleure pleure parce que ce que j’avais pris pour un trouble passager est décrit comme un problème physiologique (les enfants vont guérir ?). Je rabâche les oreilles de mon homme de toutes mes découvertes, et surtout celle-là : JE suis une adulte TDA/H, et mon homme aussi, parce que… Quand on lit différente description et qu’à chaque fois on se dise « ah ben tiens, ça c’est moi » « ha et là aussi » « ha ben dis donc, ça aussi, c’est moi » et que l’on reconnait aussi son homme …
Et à qui je vais demander une orientation pour consulter ? Vous ne l’avez pas oublié, Hummm, dîtes ? Ben oui, LE Pédiatre !
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