Témoignage de parents : Fabien

profiltdah-4
Fabien a aujourd’hui 6 ans.
J’ai commencé à avoir l’impression d’avoir un enfant différent dès l’âge d’un an. A cet âge, il allait à 4 pattes et se dirigeait systématiquement vers les prises de courant. J’avais beau le lui
interdire de toutes les façons possible, jamais il ne semblait comprendre. Mes injonctions semblaient glisser sur lui, sans jamais l’atteindre. Ensuite c’est un enfant qui s’est vite révélé épuisant. Il était toujours en activité: il ne jouait véritablement avec aucun jeu mais transformait la maison en salle de jeu : il transportait ses jouets, faisait des paquets… En sa présence, il était impensable d’oser faire autre chose que de s’occuper de lui. Il avait et a toujours une attitude exclusive à mon égard et ne supportait pas que je sois au téléphone ou que je parle avec quelqu’un en sa présence.
La venue de sa soeur a empiré les choses : il l’agresse constamment et la vie familiale est vite devenue un enfer. La vie avec son papa est très compliquée : en face d’un enfant qui lui ressemble si peu, il a énormément de mal à garder son calme et les cris et les fessées sont le quotidien.
Fabien est sans cesse anxieux et il est incapable de gérer son impulsivité : il explose dès que cela le dépasse, il faut une patience d’ange et des nerfs d’acier.
Aujourd’hui, je n’en peux plus.
A l’école, aucune plainte particulière : c’est moi qui vais régulièrement aux nouvelles et on me répond que tout va bien ou presque. C’est sans doute avec vous le problème sous-entend-on. Pourtant Fabien n’est jamais invité chez le moindre copain, certains enfants semblent se
plaindre du contrôle trop important qu’il exerce sur eux. Cela semble mineur aux yeux du corps enseignant.
Il est maintenant en première année : il a eu un très beau bulletin à la toussaint, son institutrice dit qu’il est dans la moyenne supérieure et qu’il n’a pas de difficultés d’apprentissage. Pourtant tout devoir de lecture semble être un épreuve insurmontable pour lui, et est l’occasion de multiples crises. Pas de crises en classe lorsque madame l’interroge…. mais à la maison. Il me donne l’impression que sa mémoire à court terme ne travaille pas.
V+I=vi: je lui explique, 30 secondes après quand je repose la question, il me répond PI, ti li … jamais vi..!
Ma famille ne cesse de me culpabiliser : c’est le milieu familial qui doit changer, pas l’enfant; bref, vous êtes de mauvais parents… J’en deviens asociale.
Le fait que cela ne semble pour l’essentiel ne transparaitre qu’à la maison me pèse lourdement sur les épaules. Je culpabilise du matin au soir et du soir au matin.
Nous avons consulté un premier psychologue, à l’âge de 2 ans, lors de la naissance de sa soeur; à l’âge de 3 ans, vu les conduites très dangereuses qui étaient les siennes (notamment avec l’électricité), un second psychologue; à l’âge de 4 ans, nous avons consulté un neuro-pédiatre qui sur base d’un ECG a diagnostiqué un retard de maturation neurologique de 2 ans. Avis immédiatement contredit par notre pédiatre. Qui nous a envoyé chez un autre neuro-pediatre qui a fait faire des tests neuro-psychologiques (alors que Vincent avait 5 ans et demi) et a conclu au TDA/H. Ce médecin voulait le mettre sous Rilatine. Il nous fallait du temps pour avaler le diagnostic et d’autre part il était jeune pour avoir déjà de la rilatine, surtout en l’absence de symptômes à l’école. On a décidé de voir s’il nous était possible de modifier notre fonctionnement familial pour aider Fabien sans médicament : nous allons chez une pédo-psychiatre en couple pour discuter de nos stratégies éducationnelles (et ce depuis 8 mois), et Fabien va chez une psychomotricienne en individuel pour tenter de l’aider à s’exprimer et à avoir des relations plus sereines avec les autres.
Aujourd’hui, nous tournons en rond avec la pédo-psy: mon mari ne parvient pas à changer d’attitude et cela nous pose bien des problèmes de couple; la psychomotricienne quant à elle se sent bien démunie et ne semble guère avancer: elle parle de passer la main. La pédo-psy nous a incité à lui donner de l’Abilify, neuroleptique intermédiaire, prétendant que son profil n’était pas celui d’un TDA/H mais qu’il relevait du psy. Depuis plusieurs semaines (alors que nous augmentons les doses), nous avons l’impression de lui donner du pipi de chat.
Nous venons d’aller chez une kinésiologue. Cela donnera-t-il des résultats? Nul ne sait.
Lassés, nous avons demandé une réunion rassemblant le médecin de famille, la pédo-psy, la neuro-pédiatre, la pédiatre et la psychomotricienne. Il n’est rien ressorti de cette réunion ou presque.
Aujourd’hui, je pleure tout le temps et je culpabilise à en mourir. Que faire, qui rencontrer encore?
Y a-t-il une équipe réellement interdisciplinaire qui puisse nous aider à faire le point et à nous soutenir en tant que parents ?

Copyright © TDA/H Belgique asbl – http://www.tdah.be – All Rights Reserved.

Laisser un commentaire